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23 août 1939 : le pacte infâmeЖан Пьер Руа (Jean-Pierre Rioux) Le 23 août 1939, la signature du pacte germano-soviétique stupéfia et accabla le monde. La guerre, désormais, était inévitable puisque Staline salliait à Hitler. Les totalitarismes brun et rouge fraternisaient. Le cynisme pavoisait. Les peuples navaient plus quà subir et mourir pour le bénéfice des dictateurs. Ce fut, nous dit lhistorien Ian Kershaw, «la plus infâme manoeuvre diplomatique de lhistoire» (1). Hitler voulait lépreuve de force avec le «judéo-bolchévisme» et son bastion soviétique, pour assurer au Reich un «espace vital» et des ressources matérielles illimités. Quelques jours avant le pacte, il confiait encore à un commissaire suisse de la Société des Nations, Carl Burckhardt : «Tout ce que jentreprends est dirigé contre la Russie. Si à lOuest on est trop bête et trop aveugle pour le comprendre, je serai contraint de trouver une entente avec les Russes pour battre lOuest ; puis, après sa défaite, je retournerai toutes mes forces concertées contre lUnion soviétique.» À lété 1939, il pensa donc que la Grande-Bretagne et la France céderaient encore lorsquil attaquerait la Pologne, comme elles avaient cédé par deux fois, en septembre 1938, à Munich, et encore en mars 1939, lorsquil avait avalé leur alliée, la Tchécoslovaquie. Lheure de rayer la Pologne de la carte avait donc sonné. À une condition : neutraliser temporairement lURSS. Ce que fit son ministre des Affaires étrangères, Ribbentrop, qui peaufina le coup avec Molotov, son homologue soviétique. Staline reçut donc, dès le 19 août, la promesse que le Reich reprendrait ses ventes darmes à lURSS, en échange de livraisons de matières premières. Les compères, par un protocole secret du pacte, se partagèrent encore la Pologne, et Staline reçut le droit doccuper les Républiques baltes (mais non la Finlande) pour protéger sa frontière occidentale. Lhomme du Kremlin, lui, avait compris que la sécurité collective en Europe était morte, que la guerre dEspagne avait servi de répétition générale, et que lArmée rouge ne se remettait pas des purges sanglantes qui avaient décimé ses chefs. Et, surtout, que les démocraties occidentales ne soutenaient plus leurs alliés. «Des escrocs et des tricheurs», concluait Molotov au printemps 1939, lorsque Britanniques et Français écartèrent la proposition soviétique de signer un pacte dassistance mutuelle. Dès lors, Staline chercha à gagner du temps : «Grâce à ce traité, dira-t-il, nous serions plus longtemps épargnés par la guerre. Nous devrions pouvoir rester neutres et économiser nos forces.» LArmée rouge sera prête, croyait-il, à la fin de 1942. Cétait le moment choisi par Hitler pour attaquer lURSS, après avoir vaincu à lOuest. Chacun croyant pouvoir endormir lautre, les deux sinistres, qui avaient passé tant dannées à «se verser des seaux de m... sur la tête», comme disait élégamment Staline, firent donc copain-copain. Ils eurent tout faux et leur cynisme criminel sest retourné contre eux. Car la Grande-Bretagne et la France ont réagi à linvasion de la Pologne et ont fait la guerre. La défaite de la France, en mai 1940, a fait croire un moment à Staline quHitler «maintenant, allait certainement nous défoncer la cervelle», mais les Britanniques ont tenu bon. Si bien quHitler a envahi lURSS, au printemps 1941, sans avoir assuré son front ouest, et que Staline na pas voulu croire que son allié de 1939 puisse le trahir si prématurément. (1) Choix fatidiques. Dix décisionsqui ont changé le monde, 1940/1941 (Le Seuil). (*)Historien. Воспроизводится по: http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-23-aout-1939-le-pacte-infame-_3632-1040441_actu.HtmТеги: Пакт Молотова - Риббентропа, Публикации в СМИ (журналы, газеты) |